Un nouvel horizon thérapeutique : les phages au service de la médecine.
Dans un contexte où l'antibiorésistance devient un défi sanitaire mondial, le recours à des alternatives thérapeutiques s'impose comme une nécessité. Parmi ces alternatives, les phages méritent toute notre attention. Mais que sont vraiment ces organismes ?
Le terme « phage » dérive du grec ancien signifiant « manger » ou « dévorer », une étymologie qui illustre parfaitement leur fonction première : ces virus infectent des bactéries pour s'y répliquer, pouvant conduire à leur destruction. Découverts au début du xxe siècle, ces phages sont longtemps restés dans l'ombre des antibiotiques avant de connaître un regain d'intérêt scientifique. La recherche clinique récente permet de mettre en lumière le rôle fondamental des phages dans l'équilibre de notre microbiote. Lorsque survient une dysbiose, les phages pourraient jouer un rôle régulateur crucial. Ils pourraient agir comme de véritables sentinelles écologiques, modulant les populations bactériennes et maintenant une biodiversité optimale. Chez le sujet sain qui a un microbiote intestinal (MI) diversifié, en cas de stress environnemental, ces phages pourraient développer des spécificités et être eux-mêmes responsables d'un déséquilibre du MI.
L'intérêt thérapeutique des phages devient multiple et pourrait résider entre autres, dans leur haute spécificité, en ciblant par exemple certaines souches bactériennes sans perturber l'ensemble du microbiote. Cette « phagothérapie » pourrait offrir ainsi une approche personnalisée, particulièrement prometteuse face aux infections résistantes. Les applications cliniques se multiplient : traitement d'infections ostéo-articulaires, pulmonaires ou cutanées résistantes aux antibiotiques conventionnels. Le développement de « cocktails de phages » permettrait d'élargir le spectre d'action tout en limitant l'émergence de résistances. S'intéresser aux phages aujourd'hui, c'est explorer une voie thérapeutique ancestrale dotée d'un potentiel d'innovation considérable. C'est aussi repenser notre rapport aux micro-organismes, non plus dans une logique d'éradication systématique, mais de régulation écologique. Une révolution conceptuelle qui pourrait bien transformer notre arsenal thérapeutique de demain.
Bonne lecture,
Francisca Joly