Troubles psychiatriques : quelle place pour le microbiote intestinal ?

Il y a plus de 5 ans, j’avais déjà eu l’honneur d’écrire quelques mots en préambule du deuxième numéro de La Revue des Microbiotes (juin 2015) sur le thème majeur de l’axe intestin-cerveau. Au fil des ans, de nombreuses pistes ont été explorées ne laissant plus aucune ambiguïté sur l’importance du microbiote sinon dans la genèse du moins dans l’expression ou la révélation de certaines maladies mentales. Sur un modèle explicatif, les docteurs Lemey et Bazziconi nous proposent d’appréhender les conséquences de la dysbiose à partir des études les plus pertinentes menées dans des pathologies mentales aussi différentes que les maladies du spectre de l’autisme, les troubles bipolaires et la
schizophrénie. Les interactions entre le microbiote intestinal et le cerveau sont disséquées, via diverses voies, comme notamment le système nerveux entérique, le nerf vague, le système immunitaire ou via des molécules synthétisées par les bactéries intestinales, comme les acides gras à chaîne courte. Il est intéressant de noter que certains mécanismes
sont communs aux maladies mentales et aux troubles psychiques des pathologies neurologiques comme la maladie de Parkinson et la sclérose en plaques.

Ces études étayent bien, s’il en était encore besoin, l’ancrage de la psychiatrie dans la sphère des neurosciences, et comme le dit le docteur Nuss, le microbiote a fait disparaître le choix entre le biologique et le psychologique. Pour lui, aborder le microbiote avec un patient permet une approche intégrative du soi et une appropriation de la prise en
charge, par la psychonutrition par exemple.

Bien sûr, le chemin est encore long avant une stratégie consensuelle et interventionniste sur le microbiote intestinal en pathologie mentale, mais la modulation du microbiote est inscrite dans les perspectives, dans une médecine à la fois plus personnalisée et holistique.
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Patrick Vermersch
Rédacteur en chef de ce numéro